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Divines Olympiades

Publié: 27 janvier, 2024 dans Écriture, humour, plaisir
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Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra K, en s’inspirant d’une photo, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

Un bourdonnement menaçant, semblable à une horde d’abeilles en colère se fit entendre dans la Galerie dès que le préposé à l’entretien s’approcha de la statue de marbre blanc représentant Ariane, la petite-fille de Zeus.

Barbara, la nouvelle Directrice du Musée du Vatican fut aussitôt avisée de l’incident. Une mystérieuse bille bleue translucide flottait librement à quelques millimètres au-dessus de la statue et se mettait à vibrer dès qu’on l’approchait d’un peu trop près. Ne sachant trop comment gérer cette situation pour le moins étrange, Barbara ordonna sur-le-champ la fermeture du musée, jusqu’à nouvel ordre et contacta les autorités gouvernementales. Étonnamment, on lui appris alors que le même phénomène était apparu récemment dans plusieurs musées de la planète et touchait semble-t-il essentiellement des statues de la mythologie grecque. On se serait cru dans un nouvel épisode de la série Marvel, où ces dieux mythiques s’interposent en héros du bien ou du mal, selon leur allégeance. Qu’étaient donc ces entités et pourquoi étaient-elles là?

Sans connaître la nature précise de la menace, on fit d’abord appel à l’armée qui érigea un large périmètre de sécurité autour du musée. Puisqu’on retrouvait ces curieuses entités partout sur la planète, les services secrets conclurent rapidement que ces armes, billes ou entités ne provenaient pas de leurs ennemis traditionnels et que la menace venait d’ailleurs, mais d’où et de qui? Mystère.

Une équipe internationale regroupant plusieurs spécialistes de la mythologie grecque fut appelée en renfort pour tenter d’élucider ce phénomène qu’on qualifiait déjà d’extraterrestre. L’analyse des différents cas, donna une première piste. On nota d’abord que certaines statues étaient sous la protection d’une bille verte, alors que pour d’autres, il s’agissait d’une bille bleue. En poursuivant leur analyse, les spécialistes arrivèrent également à déterminer que les billes bleues touchaient uniquement des statues de marbre de la descendance de Zeus, tandis que les billes vertes protégeaient les statues de la descendance de Typhon.

« Zeus contre Typhon », voilà qui était tout à fait clair et limpide, selon les spécialistes, mais qui, honnêtement, laissaient pantois la plupart des intervenants politiques ou militaires. Le professeur Tournesol pris donc la parole et expliqua que Zeus est considéré comme le roi des dieux, c’est notamment le frère d’Hadès et Poséidon, ajouta-t-il, ce qui lui semblait un détail important, mais qui ne suscita aucune réaction parmi l’auditoire. Typhon, continua-t-il, est une divinité malfaisante, le fils de Gaïa, c’est le Titan des vents forts et des tempêtes. On aurait pu entendre une mouche voler, tant l’auditoire ne comprenait rien à ces explications et ne voyait pas davantage où ça pouvait mener. Donc, continua le professeur, c’est bien connu, Typhon et Zeus étaient les pires ennemis et ils se sont livrés à un terrible affrontement où Zeus, victorieux a jeté Typhon aux enfers.

– Et alors? lança avec impatience le Général Custer, qu’est-ce que ça signifie.

– En toute logique, repris le professeur Tournesol, Typhon et Zeus ont décidé de se livrer à un nouvel affrontement, plus pacifique cette fois, en jouant aux billes l’un contre l’autre.

– Évidemment, répondit le Général, en se grattant la tête, évidemment.

Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra K., en s’inspirant d’une photo, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Alexandra K

La rivière a toujours eu pour moi cette odeur familière qui me replonge dans une foule de souvenirs. C’est ici que j’ai vécu une bonne partie de mon enfance et de mon adolescence, c’est ici que j’ai vécu tous ces moments si importants dans la construction de qui on est. On peut se limiter à vivre au quotidien avec les soucis du présent et ceux à venir, sans égards au passé, mais je pense que pour être en harmonie, pour être bien ancré en soi, on doit être connecté de façon tentaculaire avec tout ce qu’on a vécu, avec le souvenir de tous ceux qu’on a connus, ceux avec qui on a rit, chanté, pleuré, ceux qu’on a aimés et ceux aussi qui nous ont blessé. On est la somme de tout cela. Qu’on le veuille ou non, ces moments et ces personnes ont contribué à façonner qui l’on est, pour le meilleur et pour le pire. Dès que je reviens ici, dès que j’approche la rivière, tous ces souvenirs me submergent à nouveau en vague, comme s’ils étaient restés là en réserve, cachés sous les flots, en attente de mon retour pour s’insinuer en moi par ces effluves humides au goût d’algues et de faune aquatique.

J’avais choisi ce petit resto, en bordure de la rivière pour lui donner rendez-vous, elle que je n’avais pas revue depuis au moins 20 ans. Elle avait été surprise de mon appel et avait mis un certain temps à me reconnaître, alors j’ai dû lui expliquer le but de ma démarche pour qu’elle accepte de me rencontrer. On ne revient pas ainsi dans la vie d’une personne, 20 ans plus tard sans que ça ne suscite certaines questions.

Elle est arrivée légèrement maquillée, portant un Jeans délavé, un pull gris moulant, pieds nus dans ses talons aiguilles blanc, un peu comme elle en avait l’habitude à l’époque, un style à la fois chic et confortable. Toujours aussi jolie, comme si elle avait été épargnée par l’érosion du temps. Pas tout à fait, en réalité. En arrivant à la table que je nous avais réservé, elle m’a sourit et j’ai discerné aux coins de ses yeux de petites rides un peu plus marquées ,celles qui se creusent quand on a beaucoup rit, pleuré et aimé. On a jasé un peu de tout et de rien, expliquant où chacun en était rendu dans sa vie et elle me parue flattée, avec un petit rire, quand je lui ai dévoilé qu’elle avait été mon premier amour. Un amour impossible, je le savais bien, mais c’est ce qui m’avait permis de mieux me concentrer en classe et fournir un effort supplémentaire pour avoir de sa part, ce retour positif que j’appréciais tant.

À l’époque, on ne diagnostiquait pas les problèmes comme les miens, on était alors généralement juste pas bon, faiseur de trouble, dissipé, indiscipliné, dans la lune, bref tous ces qualificatifs que j’entendais trop souvent dans la bouche des profs, mais jamais de sa part à elle. C’est essentiellement grâce à elle, j’en suis persuadé, que je ne suis pas devenu délinquant comme plusieurs des copains que je fréquentais à l’époque. C’est à cause d’elle que j’ai aimé les mathématiques et qu’à force d’efforts je suis devenu bon pour la première fois dans une matière. Avec l’estime de soi retrouvée, la confiance qu’on peut y arriver, tout devient possible et pour moi tout s’est ensuite enchaîné naturellement, mes études, puis ma carrière et plusieurs de mes choix de vie.

Ici, près de la rivière, bien connecté à mes émotions, à mes souvenirs et tout ce que je suis devenu, j’ai eu envie de lui dire toute l’importance qu’elle avait eu dans ma vie, par sa gentillesse et sa bienveillance à mon égard. Elle m’a sourit et ses yeux sont devenus légèrement humides. Un juste retour des choses, ai-je pensé.

J’aime beaucoup cette émission de survie, où des concurrents se mesurent à la nature et doivent s’adapter, se nourrir, éviter les blessures et se protéger du froid jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un seul participant, alors que les autres auront tous abandonné, les uns après les autres, ayant été au bout de leurs ressources physiques et mentales.

Survivre, dans un climat nordique n’est pas une mince affaire, mais juste trouver de quoi se nourrir en pleine nature à tous les jours est en soi un défi gigantesque auquel on pense beaucoup moins, dans nos sociétés modernes, où on n’a qu’à se rendre à l’épicerie, en autant bien sûr qu’on ait des ressources monétaires suffisantes.

J’ai beaucoup d’admiration pour ces autochtones d’Amérique qui savaient comment survivre dans cet environnement et qui transmettaient leur savoir de génération en génération. N’eut été de l’aide qu’ils avaient apporté à Jacques Cartier et son équipage durant un hiver plutôt rude, en leur préparant une décoction d’annedda, ceux-ci seraient assurément tous morts suite à une épidémie de scorbut, provoqué par les carences alimentaires et le froid.

Je me demande ce que serait notre Amérique aujourd’hui, si ce geste humanitaire n’avait été posé.

J’écoutais ce matin un Balado au sujet de l’alpaga. Ce mammifère qui broute dans les Andes de l’Amérique du Sud est à mi-chemin entre un lama et un gros nounours. Pour les coyotes, pumas ou autres prédateurs, c’est une proie de choix. Chez la plupart des prédateurs, un comportement naturel consiste à s’attaquer aux proies les plus faibles, ce qui amène, je le reconnais, un certain équilibre à la survie générale des espèces. L’Alpaga a, pour sa part, développé un approche pour éviter d’être ciblé trop facilement en cachant sa maladie ou ses blessures. Ainsi, disait un chercheur dans le Balado, quand on voit un alpaga boiter, c’est qu’il est vraiment mal en point.

Ça m’a amené une réflexion sur ce moment ou un état relativement stable, du moins en apparence, bascule dans état chaotique où tout s’enchaîne et part en vrille jusqu’au prochain état de stabilité. Et quand on y pense, ce point de bascule est un peu partout. Les empires qui tombent, les entreprises qui font faillite, les systèmes qui s’écroulent, la démocratie qu’on renverse, la santé qui bascule dans la maladie, le climat qui part en vrille, l’extinction des espèces et la vie, la vie en général, la mienne, la vôtre.

Voit-on les signes, reconnaît-on ce fameux point de bascule avant qu’il ne soit trop tard?

Tant que tu gardes espoir
De naître encore à la lumière
Tant que le vent ne souffle pas
Cette petite flamme
Qui brille toujours en toi

Déverrouille ton âme
Efface ces idées noires
Oublie ces soucis d’hier
Extirpe toi des brumes collantes
Qui te retiennent au passé

Regarde
Le jour se lève
Regarde
L’année s’éveille
Tous les futurs sont encore là
Pour toi.