Archives de septembre, 2017

LeTempsDimanche dernier, je m’étais promis de faire certains travaux autour de la maison. Vider, nettoyer et remiser le baril récupérateur d’eau de pluie, grimper pour inspecter la toiture avant que ne viennent les temps plus froids, nettoyer les gouttières des débris accumulés durant l’été et enlever, sur recommandation de Josée, ces plantes devant la maison et dont j’oublie le nom et qui ne sont, semble-t-il, pas à la bonne place.

Mais le soleil était magnifique, comme ces journées de fin d’été où il ne fait ni trop chaud, ni trop froid et qu’on peut, profiter de cette lumière enveloppante. Installé derrière la maison dans une chaise de camping, visage tourné vers le ciel et yeux fermés, j’écoutais une émission de science de Radio-Canada sur mon Ipod Nano tout en remplissant mes piles biologiques pour faire le plein de vitamine D. Juste une minute encore, me suis-je dit.

Quand le temps nous manque, il devient précieux.

Il devient précieux parce qu’il marque un moment qui ne reviendra plus et lorsqu’on en prend conscience, tous nos sens se mettent en éveil pour en profiter au maximum.

S’il n’y avait pas d’échéance, on gaspillerait sans compter tout le temps qu’il nous reste comme si on était éternel.

Si ce n’est la vie elle-même qui vient nous fixer une échéance, il est parfois utile de s’inventer des projets, ne serait-ce que pour apprécier encore un peu plus tous les moments que l’on vit. En gestion, on définit un projet comme un effort de nature temporaire, ayant un début et une fin et visant à atteindre un objectif.

En fait, j’y pense, la vie elle-même n’est-elle pas un projet par définition?

Crédit image: y’…za. on Pinterest

3sept1988J’étais là, seul devant l’autel, les mains un peu moites en t’attendant pour ce moment charnière de ma vie, de la tienne et de plusieurs autres à venir. Sur fond de marche nuptiale, les portes de l’église se sont ouvertes toutes grandes et le soleil de fin d’après-midi s’y est engouffré comme une nuée de fées Clochette se précipitant en tous sens à l’intérieur pour se choisir une place.

Tu étais là, en contre-jour, au bras de ton père, dans cette magnifique robe blanche qui servira plus tard de vêtement de Baptême pour nos petits princes et princesses. Tu remontas l’allée lentement, confiante, au bras d’un père terriblement ému de jouer ce rôle pour la première fois et d’être également au centre d’une attention qu’il fuyait plus souvent qu’à son tour. Il me remit ta main pour que la cérémonie se poursuive devant nos proches et nos amis les plus chers.

C’était le 3 septembre 1988. 29 ans déjà. C’est fou comme ça passe vite. En quelques secondes, je peux facilement voir défiler toutes ces années, ponctuées de mille et une émotions, qui garnissent mes souvenirs comme les livres d’une bibliothèque intime, avec mes préférés, certains que j’ai presqu’oubliés, d’autres je relirai encore et encore et d’autres enfin, que je garde là, simplement parce que je ne peux m’en détacher.

« Pierre, Josée sera toujours, toujours ta femme », avait dit le curé, me regardant dans les yeux et me pointant du doigt, comme pour marquer l’importance de cette décision. On ne réalise parfois que plus tard, combien certains moments deviennent par la suite charnière à tout ce qui suivra, s’insérant dans un de plan de vie qui s’arrime à ses racines tout en formant des alliances avec tout ceux qui l’entourent et plus loin encore dans le temps et l’espace, par ses graines qui, menées par le vent, germeront ailleurs et livreront leurs fruits au moment opportun.