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Culture politique

Publié: 13 avril, 2014 dans Éthique, Politique, Société

House-of-Cards« House of cards » dévoile les dessous des jeux d’argent et de pouvoir entourant la politique américaine. Collecter des fonds privés, à coup de millions auprès d’entreprises pour financer une campagne électorale, avec un retour d’ascenseur implicite, forcer l’adhésion des parlementaires à un projet de loi en leur promettant un poste convoité ou en les menaçant de les impliquer dans un scandale, utiliser les ressources publiques à des fins privées ou partisanes,  tout ce qu’on appelle ici collusion, corruption et fraude, aux États-Unis, ils appellent cela faire de la politique.

Atelier d’écriture d’Olivia Billington:

Écrire une courte histoire avec les mots suivants:

sagesse – proverbe – absolument – subtil – vieillesse – ennemie – adversaire – jeu – échecs – fiasco – erreur – accepter – joie – plaisir – offrir

La consigne facultative : votre personnage doit retrouver un objet qu’il avait perdu.

salzbourg

« La sagesse est une bougie qui éclaire sans jamais se consumer ». Ce proverbe, mon grand-père l’avait gravé sur son immense bâton de marche qui lui tenait toujours compagnie lors de ses randonnées dans les montagnes de Salzbourg. A chaque fois qu’il revenait de ses longues excursions, j’étais absolument abasourdi de le voir en aussi grande forme, comme s’il puisait à même le sol, une énergie subtile qui le gardait hors du temps. Peut-être avait-il découvert une source de jouvence, quelque part, la-haut, le long d’un sentier, puisque selon toute apparence, la vieillesse n’avait pas de prise sur cet homme. Plus les années passaient et plus il rayonnait, comme une bougie qui éclaire sans jamais se consumer. Sa seule présence apaisait ceux qui le côtoyaient et quand il posait sa main chaleureuse sur l’épaule d’êtres blessés de corps ou d’esprit, on percevait clairement la souffrance et la peur les quitter comme la rosée matinale qui s’élève dès les premiers rayons de soleil.

 « L’ennemie du temps, m’avait-il dit un jour, c’est de croire qu’il s’écoule. La vie est une longue marche de l’esprit, à travers l’un ou l’autre des chemins possibles. Le temps n’est pas en mouvement, c’est l’esprit qui fait tout.»

Je ne comprenais pas tout à fait le sens de ces mots, mais tout mon être y répondait, comme lorsqu’on est mis en présence d’une vérité fondamentale, mais inaccessible au raisonnement.

— « La vérité n’a pas à être rationalisée, décortiquée et mise en boîte pour être comprise, avait-il ajouté. Elle se dévoile d’elle-même à tout ceux qui s’en approchent avec un cœur pur. Les deux hémisphères de notre cerveau sont souvent les adversaires de la compréhension, l’un ne demandant qu’à croire et l’autre exigeant systématiquement des preuves. Pourtant, tous deux posent un regard incomplet sur une vérité inaccessible dans sa totalité. C’est un peu comme prétendre avoir vu la mer entière en l’ayant observée une fois à travers le hublot de sa cabine.»

Quand les troupes allemandes envahirent la région, au printemps 1938, mon grand-père le vécu comme un échec personnel. Il sembla prendre sur ses épaules toutes les souffrances qui en découleraient, se culpabilisant de n’avoir pu insuffler sagesse et bonté dans le cœur de ces hommes captivés par les jeux de pouvoir. Ces hommes qui pourtant, avaient aussi été enfants, et pire, des enfants ayant vécus tout près d’ici à Braunau am Inn. Il aurait pu, disait-il, en larme, les côtoyer, soigner leur âme avant qu’elle ne veuille blesser et tout détruire pour justifier sa propre souffrance.

Quand, poussé par la culpabilité, on remonte le chemin de nos choix, on retrouve toujours cette intersection critique où une décision, en apparence anodine, fut l’élément déclencheur de tout ce qui a suivi. Ces erreurs, constatées à posteriori sont celles qu’on n’accepte pas, qu’on ne se pardonne jamais et qui reviennent nous hanter, jour après jour comme une succession d’échecs, vampirisant notre vitalité et nous privant de joie en assombrissant chaque moment de plaisir. Voilà le mal qui affligeait désormais mon grand-père.

Dès l’invasion, il nous fut interdit à tous de fréquenter la montagne et la santé de mon grand-père se mit rapidement à décliner. Sans doute, avait-il senti le fiasco total qui s’abattrait non seulement sur notre région, mais aussi sur le tiers de l’humanité. C’est à cette époque, je crois bien, qu’il enterra son bâton de marche, pour qu’il repose en paix, à l’abris des atrocités qui se préparaient. Son bâton, m’avait-il expliqué, lui servait à réinjecter au cœur de la montagne, le mal expurgé des êtres souffrants, pour l’enkyster solidement dans la pierre.

— «  La hauteur de nos montagnes, dit-il encore, témoigne de la somme des douleurs vécues ici au cours des siècles. Mon temps est maintenant venu. Quand la guerre aura pris fin, je ne serai plus de ce monde, je le sais parfaitement. Je ne pourrai plus jouer ce rôle essentiel et si important. Alors, comme on l’a fait pour moi autrefois, me dit-il, prenant ma main, je te confie la tâche de perpétuer cette purification en récoltant le mal enfoui dans le cœur et le corps de ceux que tu croises et en le canalisant ensuite là-haut, dans nos montagnes. Vas maintenant, retrouves cet arbre immense auquel tu aimais tant grimper quand tu étais enfant, celui que tu prenais à plein bras comme on serre la jambe d’une grande personne, retrouve-le et demandes-lui de t’offrir une branche, que tu tailleras à ta mesure et graves-y une pensée qui saura te guider dans ta mission. »