À son retour du Pérou, mon fils et son ami devaient faire un transfert à l’aéroport de Toronto.
À leur arrivée, son ami s’est exclamé « Chez nous!!!!!! ». Il faut dire que le voyage n’a pas été de tout repos.
Ils ont rencontré certaines difficultés en cours de voyage que mon fils a qualifié de « journée la plus éprouvante de ma vie ».
Au Pérou, il y a actuellement beaucoup de manifestations d’autochtones qui s’opposent à la privatisation de l’eau et l’exploitation de l’amazonie péruvienne. Des barrages sont mis en place sur plusieurs routes, par les autochtones, rendant impossible le passage des autocars. L’armée est également présente à plusieurs endroits. Quelques manifestations ont également tourné à la violence dans certaines régions.
Leur car étant bloqué à un barrage, en pleine nuit, ils ont dû continuer à pied et ont marcher 12h, sans manger et manquant d’eau à travers une région pratiquement désertique. Ils se sont même demandé s’ils s’en tireraient vivants. Complèment épuisés, ils ont malgré tout pu se rendre à destination avec l’aide d’autres touristes ou de personnes de la place et enfin visiter, le lendemain matin, le fameux Machu Picchu et la vallée sacrée. Ils ont pu reprendre un avion vers Lima juste à temps, puisque le lendemain, l’aéroport était fermé par l’armée.
Une fois de retour au Canada, ils pensaient que tout ne serait qu’une formalité. Les agents des douanes ont vu la chose différemment. Pour eux, si 2 jeunes de 19 ans vont passer 3 semaines au Pérou, c’est nécessairement pour servir de mule et ramener de la drogue. Ils les ont donc pris à part, fouillé de fond en comble et interrogé séparément durant plus d’une heure, les accusant sans ménagement d’avoir ingéré de la drogue, les menaçant de les garder en détention jusqu’à ce que la drogue soit évacuée, utilisant des techniques d’interrogatoire connues (« Ton ami nous a tout avoué! », « Tu mens, ton body langage nous le dis »), leur refusant d’aller au toilette, refusant de leur donner à boire et utilisant toujours un ton très agressif à leur endroit. À la fin, voyant qu’ils n’avaient rien contre eux, ils les ont finalement laissé partir, sans excuse et ils ont pu prendre leur vol, 10 minutes avant le départ. Bien que troublé, mon fils a gardé son calme et trouvait même un côté particulier à cette expérience, parce qu’avec tous les films montrant de telles scènes, il pouvait très bien voir ce que l’agent cherchait à faire.
Que peut-on faire dans ce genre de situation? Pas grand chose, semble-t-il. Les agents des douanes ont plein pouvoir pour décider qui peut entrer ou pas au pays et les lois sont assez vagues pour leur laisser la latitude de se comporter ainsi. C’est pourtant, à mon sens, une atteinte à la présomption d’innocence et ce genre d’interrogatoire s’apparente davantage à une harcèlement qu’autre chose. Certains ont déjà dit qu’il valait mieux avoir un criminel en liberté qu’un innocent en prison et que c’est pourquoi nos lois étaient faites ainsi. Visiblement, on ne parlait pas des agents des douanes. Et tout ça, c’est au Canada que ça se passe.